Essais et réglages
Ce qui se révèle le plus problématique à régler est l'embrayage, ainsi que la commande de l'accélérateur. Il faut à Emile Leray plusieurs patientes séances de démontage, ajustage, remontage et essai avant de donner à chaque pièce la courbure et la position idéale qui font que embrayage et accélérateur fonctionnent correctement, sans jeu ou course excessifs ni blocages intempestifs.

Pour le premier essai roulant, Emile Leray fait quelques kilomètres prudents autour de son camp. (photo-archive 21)
C'est lors de cet essai que sera constatée la nécessité de renforcer le système de fixation de l'ensemble moteur-boîte. Le simple boulonnage sur le longeron est insuffisant car ce dernier se déforme. Des tirants sont donc ajoutés, de part et d'autre de la boîte de vitesse, afin de la maintenir strictement dans l'axe. A gauche, le tirant est constitué par un autre tube coudé de commande des vitesses (prélevé du lot "au cas où"). A droite, deux autres tiges du lot "au cas où" sont reliées par le répartiteur arrière de freinage, et une clé à bougie coiffée d'une large rondelle termine l'assemblage (sic!) permettant de régler longueur et tension adéquates pour le tirant.
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Ce seul défaut de jeunesse corrigé, l'engin se révèle peu maniable mais bien conçu et d'une puissance redoutable. Equipée d'un moteur destiné à une voiture de 600 Kg, la moto, qui ne pèse que dans les 200 Kg, est clairement surpuissante donc délicate à piloter. La précision toute relative de la direction oblige assez souvent à poser les pieds au sol pour mieux se guider. Cela se traduit par un certain nombre de chutes, sans gravité vu la vitesse de l'engin (20 km/h en pointe...) mais, en plein désert, ce sont à chaque fois plusieurs minutes de pause qu'Emile Leray doit s'accorder avant de retrouver assez de force pour relever les 200 kg de la moto.
Le seul bémol concerne le confort du pilote, non point au niveau de l'assise, somme toute relativement confortable, mais au niveau des oreilles et du nez car l'échappement est libre et crache droit sur le malheureux conducteur ! (photo 22)
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Les essais et derniers réglages terminés, Emile Leray est fort satisfait de son ouvrage et enfin prêt à lever le camp (ou plutôt l'atelier). L'instant vaut bien une photo, prise en déclenchant l'appareil à l'aide d'une longue ficelle. (photo-archive 23, en regardant de près on distingue la ficelle tenue en main droite et qui court jusqu'à l'avant plan, passant devant le bras de suspension qui est au sol)
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Il était temps car il ne lui reste plus qu'un litre et demi d'eau !
Il fait donc fébrilement ses bagages avec l'essentiel : les outils (dont la manivelle, en cas de panne de démarreur), du fil électrique (et une ampoule de veilleuse), la nourriture, le litre et demi d'eau restant, la tente et un matelas de sol. Plus une serviette de bain car Emile Leray a l'intention de rallier Tan-Tan en logeant la mer !
C'est le départ en milieu d'après midi, dans l'euphorie que l'on imagine aisément après douze jours de mécanique solitaire en plein désert.

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